Peggy Neger et Bretzel des Fééries : Un couple aussi atypique que talentueux
- juliette3249
- 25 mars
- 5 min de lecture
Avec son étalon pie, Peggy Niger, 50 ans, participe régulièrement à des concours internationaux en Grade V. La policière de Saumur, entraînée par Pauline Basquin, veut construire méthodiquement la suite de sa carrière.
C’est un couple qui ne passe jamais aperçu. Un de ceux dont on se souvient. Il y a encore quelques années, si Peggy Neger et Bretzel des Féeries suscitaient l’étonnement, c’était d’abord par la robe pie et par le gabarit de ce grand étalon Selle Français de 1,87 m ! « J’ai eu beaucoup de critiques des juges en jeunes chevaux, se souvient Peggy. C’était fait sur le ton de la plaisanterie mais ça reflétait leur pensée. Il y avait aussi des réflexions derrière mon dos qu’on me rapportait comme ‘’elle monte des vaches Holstein’’. Ce n’était pas très plaisant. J’avais la sensation d’être dénigrée juste pour une histoire de couleur. Ça s’est arrêté car les résultats étaient très corrects. Les juges ont vu son potentiel. Plusieurs m’ont dit qu’on le reverrait en St-Georges. » Assez vite en effet, les performances du couple ont été soulignées. « Il y a même un juge qui est venu s’excuser des propos qu’il avait tenus par le passé en me disant que Bretzel avait toute sa place parmi les chevaux de dressage », ajoute Peggy. Une place dans les concours valides d’abord avec une progression jusqu’au… St Georges. Puis en para-dressage où, cette fois, la cavalière n’a jamais reçu la moindre remarque. « Les seules réflexions que j’entends désormais, c’est «’’oh qu’il est beau !’’ »
En 1999, Peggy fut victime d’un accident de moto. Tout le côté droit de son corps fut touché. Elle a alors dû composer avec des problèmes dorsaux, une semi-prothèse au genou et une arthrodèse au niveau de la cheville droite. Pourtant, le para-dressage lui est longtemps resté inconnu. Ce n’est qu’en 2019-2020, au hasard d’un concours où elle est étonnée de voir un cavalier autorisé à utiliser un stick, qu’elle découvre son existence et dépose un dossier. Sans trop y croire ne se jugeant pas « assez handicapée ». Le dossier est validé et Peggy peut entamer une nouvelle « carrière ».
« Pauline m’apporte beaucoup »
Policière au commissariat de la ville, elle s’entraîne désormais avec Pauline Basquin, écuyère du Cadre noir et surtout seizième des derniers Jeux olympiques de Paris. « Elle m’apporte beaucoup. Avec son expérience, elle a connu beaucoup plus de choses que moi. Nous abordons les objectifs de la même façon avec une vision des choses identiques à la mienne en étant très guerrière. Avec le cheval, avant de me donner des cours, elle a eu la volonté de le monter pour le tester de façon à connaître ses points forts et ses points faibles afin de mieux orienter le travail. Il y a une vraie communication entre nous deux et un échange car nous avons effectué les mêmes choses sans toujours avoir le même résultat ou le même ressenti. On a fait des changements, on a par exemple modifié le mors. Elle m’a aussi appris plein de choses sur l’utilisation de ma bride. Pauline m’a fait ressentir des choses sur le mécanisme de Bretzel. C’est une communication globale entre Pauline, moi, mon cheval, la coach mentale et Geoffrey qui est le groom. »
Pour continuer à progresser, Peggy bénéficie aussi des rassemblements de l’équipe de France de para-dressage. « Ils permettent de vérifier que nous sommes toujours en progression. Je ne m’en sers pas spécialement pour modifier des choses techniquement car Pauline m’apporte déjà ce plus, mais c’est important d’avoir un regard extérieur de quelqu’un qui n’a pas vu le cheval depuis un mois, qui voit les évolutions et la direction dans laquelle nous travaillons. Quand on est cavalier, on voit les choses à sa façon. Surtout pour moi avec Bretzel que je connais par cœur puisque je l’ai débourré. Je peux passer à côté de certaines choses car nous sommes tellement ensemble. Le regard des juges est aussi très important. »
« Bretzel ne dit jamais non, il essaye toujours de faire du mieux possible »
Aujourd’hui âgé de 14 ans, Bretzel est né chez Peggy à une époque où elle habitait encore en Bourgogne et gérait un élevage et une écurie de propriétaires. Depuis, elle a migré vers Saumur où elle partage la vie de Geoffray Podsiedlik, groom des chevaux de l’IFCE pour le para-dressage. Bien évidemment, Bretzel a également fait le voyage, accompagné d’un poulain de 4 ans destiné à prendre la relève dans quelques années. Les deux sont « logés » à Saint-Hilaire-Saint-Florent, à quelques minutes seulement de Saumur, dans les écuries de Jean Teulère, champion du monde en 2002 et champion olympique par équipes en 2004 (Espoir de La Mare). « C’est un cheval qui manque un peu de sang et donc un peu d’énergie des postérieurs, admet sa cavalière. Il est grand, il a donc fallu travailler sa souplesse, notamment à gauche où il est plus raide en raison de mon handicap qui m’oblige à mettre mon poids sur ce côté. Mais il a aussi beaucoup de points forts. Il est extrêmement gentil, volontaire. Il veut toujours bien faire. Bretzel ne dit jamais non, il essaye toujours de faire du mieux possible même si c’est difficile pour lui. Je lui fais confiance à 200% et il le fait aussi vis-à-vis de moi par bonne volonté. Il y a un respect mutuel entre nous. »
Les Jeux paralympiques de 2028 ? « Une chose après l’autre »
Cette osmose entre la cavalière et son cheval ouvre de jolies perspectives pour les prochaines années. Avec évidemment en ligne de mire les Jeux paralympiques de Los Angeles, en 2028. Un rendez-vous encore trop lointain pour Peggy. « Ce fut une déception de ne pas être aux Jeux de Paris mais y voir les copains était galvanisant, raconte-elle. Je les ai aussi vécus, soit sur place soit avec Geoffray. J’essayais de me mettre à leur place, même si c’est impossible d’imaginer ce qu’ils ont vécu. Mais sincèrement, je préfère ne pas me projeter. Je veux garder les pieds sur terre et la tête sur les épaules. Je procède par petites étapes. Nous travaillons pour avoir de bons résultats en concours et d’abord décrocher une sélection. Une chose après l’autre. Ce ne serait pas bon de s’envoler déjà pour Los Angeles. Il faut d’abord bien solidifier le socle et poser les pierres les unes après les autres. »
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Fanny Delaval : « Préparer au mieux les Championnats d’Europe »
À peine le temps de se remettre des émotions des Jeux paralympiques. Reconduit par la nouvelle équipe fédérale, le staff de l’équipe de France de para-dressage a débuté l’année 2025 avec de nouveaux objectifs en ligne de mire et profité de plusieurs rassemblements pour remettre les « vieilles » troupes en ordre de marche et pour en découvrir de nouvelles. « Ce début d’année a été marqué par des master-class, confie Fanny Delaval, Directrice Technique nationale ajointe en charge du para-dressage. Cela permet d’accueillir de nouveaux couples afin d’étoffer le groupe et de développer la discipline. Les Jeux paralympiques de l’été dernier ont permis d’attirer l’attention. L’objectif des master-class est aussi de travailler avec les plus anciens pour les consolider. »
Début mars, à Ornago, en Italie, Vladimir Vinchon a parfaitement lancé sa saison en s’imposant avec Pégase Mayenne dans ses trois épreuves. La suite de la saison des Bleus se déroulera à Fontainebleau (21-27 avril). « Nous chercherons à obtenir les meilleurs résultats afin de préparer au mieux les Championnats d’Europe à Ermelo (Pays-Bas, 3-7 septembre), explique Fanny Delaval. Ils constitueront le principal rendez-vous 2025. Les occasions de sortir en compétition seront limitées. Nous irons aussi à Hagen (Allemagne, 5-8 juin) et Kronenberg (Pays-Bas, 12-15 juin). Nous continuons à construire et à travailler. »
Le rendez-vous continental sera bien évidemment important mais pas encore décisif pour les Jeux paralympiques de 2028 de Los Angeles. Contrairement aux Jeux paralympiques de Paris où les Bleus étaient qualifiés d’office, ils devront cette fois gagner leur billet. Une première occasion se présentera aux Championnats du monde à Aix-la-Chapelle, en 2026. Il faudra alors entrer dans les sept meilleures équipes. Réalisable mais pas forcément acquis. En cas d’échec, le Championnat d’Europe 2027 distribuera la dernière place à la meilleure équipe pas encore qualifiée.
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