Arrivé à l’IFCE (Institut Français du Cheval et de l’Équitation) en 2013 après avoir débuté sa carrière comme groom en CSO puis aux Haras nationaux à partir de 2003, Geoffray Podsiedlik est une figure incontournable du para-dressage. Groom auprès des cavaliers associés aux chevaux de l’IFCE depuis 2015, il participera cet été à ses troisièmes Jeux paralympiques, aux côtés de Chiara Zenati et Swing Royal*IFCE, déjà présents aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2021 et doubles médaillés d’argent en individuel aux championnats d’Europe de Riesenbeck l’an dernier, en Grade III. 

Geoffray, quelle est votre fonction auprès de l’équipe de France de para-dressage ?  

Je suis groom des chevaux de l’IFCE mis à disposition pour les cavaliers de para-dressage. Actuellement, il y a Céline Gerny et Chiara Zenati. Depuis 2016, j’ai récupéré Swing Royal IFCE à plein temps, d’abord avec José (Letartre) puis Chiara (Zenati), puis Rapshodie IFCE et Vol de Nuit Brève ENE-HN avec Céline (Gerny). En concours, pendant longtemps, je courrais presque tous les chevaux pour les visites. Je conseillais un peu tout le monde. On a un peu changé le système pour me donner davantage de confort et que ce soit un peu moins la course pour l’équipe. Depuis quelques temps, les cavaliers se sont professionnalisés avec des grooms personnels compétents et désormais, je m’occupe seulement des chevaux de l’IFCE. Je cours donc les chevaux de l’IFCE, et encore celui de Peggy et de José (Letartre) qui travaille avec Sébastien (Goyheneix, écuyer du Cadre Noir).

Quelle place tient le para-dressage au sein de l’IFCE ? 

C’est une fierté d’avoir les chevaux de l’IFCE au sein de l’équipe de France. Le complet a toujours eu une place importante au sein de l’école. Mais à force d’être présent dans toutes les grandes échéances et de décrocher de bons résultats, le dressage est désormais considéré de la même façon. Aussi bien en dressage avec Pauline (Basquin et Sertorius de Rima Z IFCE) qu’en para-dressage. Nous sommes complètement inclus dans ce projet de haut-niveau. 

Que saviez-vous du para-dressage quand vous avez débuté dans cet univers ? 

C’était une découverte totale mais une belle découverte. Quand on voit la façon dont se débrouillent certains cavaliers avec leur handicap, c’est une sacrée leçon. Il y a le côté humain en plus du côté sportif. C’est très enrichissant. Les différences dans le travail ne sont pas énormes. Néanmoins, il faut aussi gérer les cavaliers qui pour certains ne sont pas autonomes. On ne peut pas juste préparer le cheval et l’accrocher. Il faut être là pour aider la cavalière à se mettre à cheval. Le para-dressage m’a aussi permis de partir sur de grandes compétitions. Si on m’avait dit qu’un jour que j’irais aux Jeux et aux grands championnats, j’aurais signé tout de suite. À l’exception des Europe 2019 où nous n’avions pas de cavalier, j’ai pu participer à toutes les grosses compétitions : les Europe en 2015, 2018, et 2023, les Championnats du monde en 2018 et 2022, et bien sûr les Jeux paralympiques en 2016, 2021 et désormais Paris.

Les Jeux paralympiques sont-ils une compétition à part ? 

Oui et non. Le para-dressage est la seule compétition équestre. Il n’y a pas les autres disciplines. Par exemple en 2018, à Tryon, où il y avait toutes les autres disciplines, c’était presque plus impressionnant. Pour me retirer un peu de pression, j’essaye de vivre ces Jeux comme un gros concours. Ce sont les mêmes concurrents que ceux nous rencontrons toute l’année, hormis les Américains. Et encore, cette année, ils étaient en Europe. Après, quand tu rentres sur la carrière et que tu vois toutes les banderoles des Jeux paralympiques, tu prends conscience que ce n’est pas un concours lambda. Tu sais où tu es et pourquoi tu es là ! Mais j’essaie de prendre du recul pour ne pas me laisser envahir par le stress et les émotions. Par contre, les cavaliers ont bien conscience que ce sont les Jeux. On sent bien la différence avec un concours ordinaire. Dès la fin de Tokyo, on a perçu un engouement supérieur. 

Comment imaginez-vous ces Jeux paralympiques de Paris ? 

Il faudra faire du mieux possible et que tout le monde donne son maximum, que ce soit, le cavalier, le cheval, l’entraîneur, le groom. Après, si tu es tombé contre meilleur, c’est la loi du sport. Une médaille serait un accomplissement et on va faire tout notre possible pour aller la chercher. Ça va aussi être particulier car ce seront les derniers Jeux de Swing. C’est la 10^e saison que je l’emmène partout. J’ai tout fait avec. Il m’a fait découvrir le haut niveau. Nous sommes passés par des trucs supers mais aussi des moments plus difficiles. Si je n’avais pas eu ce cheval, je n’aurais peut-être jamais connu tous ces événements.